Quels sont les meilleurs albums du Rap français?

A une époque où, après avoir été longtemps qualifié de « mode passagère », le rap est devenu le style musical le plus écouté de France (d’après divers sondages en tous cas), il est de plus en plus difficile, pour un néophyte, de trouver la perle rare parmi les centaines de sorties qui tentent d’accéder jusqu’à nos oreilles chaque mois.
Beaucoup seront d’accord avec moi pour dire que les rappeurs les plus écoutés, les plus médiatisés, ne sont pas forcément les meilleurs. Pourquoi cette impression? Les reproches que l’on peut entendre au sujet du rap français actuel sont, par exemple, qu’il est musicalement pauvre (cela dit, on a toujours entendu ce genre de critiques à propos du rap), qu’il manque d’originalité (même chose) ou qu’il ne fait que répéter les mêmes thèmes déjà traités en mieux 10 ou 20 ans auparavant (mais cela vaut pour quasiment toutes les musiques). Après une légère réflexion, on peut donc dire qu’il s’agit simplement d’une question de goût et, peut-être un peu de génération également.

Effectivement, le rap étant une musique qui s’adresse principalement à un public jeune, les rappeurs, pour toucher un public large, ont tendance à s’adapter aux tendances (oui, ça fait deux fois tendance dans la même phrase mais j’m’en fous, j’aime bien) et à refaire ce qui marche pour les autres. Contrairement à ses vingt premières années d’existence, où la majorité des albums semblaient apporter une évolution, si ce n’est un progrès, le rap se noie aujourd’hui dans un torrent de morceaux, dans lequel l’intérêt musical, la pertinence du discours ou l’originalité ne paraissent pas vraiment préoccuper leurs auteurs.

Le rap étant né à New York à la fin des années 70, il y a donc aujourd’hui plusieurs générations d’amateurs qui ne se reconnaissent pas forcément dans ce qu’on leur sert dans les médias. En effet, passés 25 ans, difficile de se sentir concernés par les sujets évoqués dans les chansons de La Fouine, de Sexion d’assaut ou de 1995.

Nombreux sont, de nos jours, les trentenaires qui, ayant grandi avec IAM, NTM ou Assassin, ont du mal à assumer l’image, plutôt superficielle et « égo-centrée », du rap actuel devant leurs collègues de bureau ou leur belle famille par exemple. Quand ils n’abandonnent pas totalement leur amour du rap, la plupart se retourne vers les classiques, les sons qu’ils écoutaient durant leur jeunesse, un peu par nostalgie mais surtout parce qu’ils considèrent la deuxième moitié des années 90 comme « l’age d’or du rap français ». Ce phénomène (les « puristes » qui ne veulent écouter que du boom bap à l’ancienne) est particulièrement répandu. Il n’y a qu’à compter le nombre de t-shirts « Le rap c’était mieux avant » qui circulent depuis quelques années, pour s’en rendre compte,. On pourrait facilement opposer cette catégorie de personnes aux jeunes arborant crêtes  jeans slim, t-shirts roses et petites veste en cuir cintrées, mais ce serait bien réducteur et simpliste. En effet, même chez les ados, la musique qu’on écoute ne définit pas forcément le style vestimentaire, et inversement. Et puis, le rap étant dorénavant écouté autant par des enfants que par des quadragénaires, aucune généralité ne saurait prévaloir (d’autant qu’il y a, et heureusement, beaucoup de gens qui écoutent également d’autres styles de musique en plus du rap).

sweat-shirt-rap-classique-noirBref, tout ça pour dire que, malgré de nombreuses divergences d’opinion sur le rap actuel, il existe des albums qui mettent quasiment tout le monde d’accord. Des oeuvres fondatrices, révolutionnaires, ambitieuses ou simplement plus soignées que les autres, qui ont marqué les esprits, usé les platines et inspiré d’autres rappeurs. On les appelle : les classiques. J’ai essayé d’en lister quelques uns. Je sais bien que ce genre d’exercice n’est jamais très objectif mais bon, j’ai fait ce que j’ai pu. Vous remarquerez qu’il ne figure dans cette liste quasiment aucun album ayant moins de 10 ans… Vous en conclurez ce que vous voudrez, mais cela est principalement lié au fait que le temps n’a pas forcément permis d’évaluer leur impact. Même si, j’avoue, c’est surtout que je suis un vieux con qui trouve que les rappeurs… bah c’était quand même nettement mieux avant. Lol, comme disent les jeunes.

Avertissement : il n’y a pas vraiment d’ordre dans cette liste.

Quelques classiques du rap français 

Pochette L'école Du Micro D'argent

  • L’école Du Micro D’argent

    Album de IAM

    16 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1997

    Après « … De la planète Mars » et le double album « Ombres est Lumières » (dont est issu leur tube « Je dans le Mia ») qui leur permettent d’être considérés, à juste titre, comme LE grand groupe de rap marseillais, IAM a carte blanche pour réaliser son nouveau projet. Toujours inspiré par l’antiquité, mais aussi par Star Wars et par le Wu Tang Clan, qui explose à l’époque, le groupe travaille des mois durant à l’élaboration de ce nouvel album. Après une première version qui ne lui donne pas entière satisfaction, le groupe décide de retourner en studio et de faire mixer le tout à New York. Ils en profitent pour enregistrer « La Saga » avec Dreddy Krueger, Prodigal Sun et Timbo King, des rappeurs faisant partie de la grande famille Wu, titre qui deviendra le premier single. « L’empire du côté obscur », « Petit frère », « Nés sous la même étoile », « Elle donne son corps avant son nom »… Quel que soit le thème abordé, le ton est juste, les textes ont du style et les flows sont particulièrement soignées (il paraitrait que cela serait lié à leur rencontre avec l’écurie Time Bomb, les X Men en tête). Freeman, après avoir été longtemps danseur sous le nom de Malek Sultan, y pose son premier couplet sur « Un bon son brut pour les truands » tandis qu’on retrouve Fabe et le regretté East (décédé quelques temps avant) sur « L’Enfer ». Mais c’est avec le dernier morceau de l’album que le groupe finit de convaincre totalement. En effet, dans « Demain c’est loin », description imagée et sans fard du quotidien dans les cités marseillaises, Akhenaton et Shurik’n réussissent un tour de force de 9 minutes, sans refrain, sur une prod ultra efficace d’Imhotep, que Nas lui-même reprendra plus tard. Bref, rien à jeter sur ces 16 titres, il s’agit là de l’album le mieux travaillé d’un groupe rap français. Inégalé à ce jour, et surtout pas par le groupe, même si d’autres de leurs projets auraient pu figurer dans cette liste (« Sad Hill » de Kheops, « Chroniques de Mars » d’Imhotep, « Où je vis » de Shurik’n, « Meteque et mat » d’Akhenaton, « L’palais de justice » de Freeman, etc).
    « Ce qui change, y a que les saisons. Tu baves du béton, craches du béton, chies du béton, te bats pour du laiton, mais est-ce que ça rapporte? Regrette pas les biftons quand la BAC frappe à ta porte… »
  • Pochette Paris sous les bombes

    Paris sous les bombes

    Album de Suprême NTM

    18 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 28 mars 1995

    L’album le plus abouti d’NTM, l’apogée du duo, des tubes (« La Fievre » en particulier), des morceaux dans tous les styles qui finissent de définir le style du Supreme Nikomouk. Résolument hip hop, l’album y rend hommage aux débuts de cette culture en France à travers des titres comme « Tout n’est pas si facile » ou « Paris sous les bombes » (axé sur le graff). « Plus jamais ça » y fustige le FN tandis que « Qu’est-ce qu’on attend » devient l’hymne d’une jeunesse révoltée par la politique. Un autre hymne tournera beaucoup en soirée, pour d’autres raisons. Je veux bien spur parler de « Pass pass le oinj » que de nombreux amateurs connaissent rapidement par coeur. Epaulés par les Psykopat (Animal.X et Reak) et s’appuyant sur des instrus solides de DJ Clyde (ex Assassin), LG Experience ou encore Lucien, Joey Starr libère la bète qui est en lui, sans doute canalisé par un Kool Shen au sommet de son art, pour livrer un ensemble cohérent, funky, engagé, frais et spontané, contrairement à l’album suivant.
    « Les années passent, pourtant tout est toujours à sa place. Plus de bitume donc encore moins d’espace vital nécessaire à l’équilibre de l’homme. Non, personne n’est séquestré mais c’est tout comme. » 
  • Pochette Le réveil

    Le Réveil

    Album de Koma

    18 morceaux.

    Date de sortie : 1999

    Un album parfait. Prods ultra efficaces et textes excellents. Le meilleur album d’un membre de la Scred Connexion. Un classique méconnu. Rien à ajouter.
    « La France de mon enfance, c’est toujours derrière moi le vigile, une vie difficile et devant moi le flic en civil. »
  • Pochette Cosa Nostra

    Cosa Nostra

    Album de Mafia Trece

    19 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : septembre 1998

    Le premier (ou un des premiers) album-concept du rap français. La Mafia Trece y dévoile une quantité de styles hallucinante et invente le rap théatral. « Rencontre du 13eme type », « La loi du silence » et « Technique de pointe » en sont les meilleurs exemples. S’il est difficile de citer tous les membres de ce collectif originaire de Paris 13 (mais aussi d’Ivry sur Seine et de Bagneux, il faut rendre hommage à Don J.O. d’avoir su réunir une telle variété de talents sur un projet aussi abouti (malgré un problème de numérotation des pistes par rapport à la pochette). On retiendra particulièrement « Le Mauvais chemin », titre solo de Yannick (bien avant « Ces soirées là »). Plusieurs entités émergeront du collectif (Moovens, Echo du Sud et South Cide Trece) mais le succès de ce premier opus ne les suivra pas. Seule Diam’s, présente sur deux titres, aura droit à une vraie carrière post-Mafia.
    « Le putain d’tier-quar nous rend gueudin, attirant les jeunes, les gamins sur le mauvais chemin. Un chemin dont jamais on ne revient… »
  • Pochette 3 x plus efficace

    3 x plus efficace

    Album de 2 Bal 2 Neg

    20 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1 septembre 1996

    Des flows comme on en fait plus, une ambiance sombre et des textes au vocabulaire recherché. Le vrai rap underground indépendant faisait une entrée remarquée dans les bacs. Les jumeaux G.Kill et Doc TMC forment les 2 Bal Niggets (épaulés par Krokmitten, fondateur du Ménage à 3) tandis qu’Eben et Niro composent les 2 Neg’ (auxquels on peut ajouter Kiklow sur quelques morceaux). Mis en musique par les duos Tefa & Masta (Kilomaitre production, qui réaliseront de nombreux tubes par la suite, notamment pour Diam’s, Sinik ou même Michael Youn alias Fatal Bazooka) et White & Spirit (futurs associés de Jean-François Richet au sein de Cercle Rouge et compositeurs des BO de ses films « Ma 6-T va crack-er », « Assaut sur le central 13 » et « Mesrine »), l’album impose une nouvelle façon de rapper et une nouvelle couleur musicale au rap français. Porté par « La magie du tiroir » (titre virulent contre les majors qui se moquent des rappeurs), l’album fait se croiser les 2 groupes sur une vingtaine de titres (dont seulement quatre les réunissent) et présente une vitrine de ce qui se fait à l’époque dans l’underground parisien avec les présences de Rocca, Nob, Tiwony, Lion S, Egosyst et bien sûr des autres membres du Ménage à 3, alors en pleine explosion.
    « Les adeptes de ma musique ont compris les gammes du mouvement : Do-ré-na-vant indépendants. Et ça à 100%. Je contrôle mon business et je contrôle tous mes francs. »
  • Pochette Liaisons dangereuses

    Liaisons dangereuses

    Album de Doc Gynéco

    27 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1998

    Pas vraiment un album, pas vraiment une compil, en tous cas le projet le plus ambitieux et le plus réussi de Doc Gyneco, malgré quelques morceaux un peu moyens (comme cette sorte de reprise de Jean Ferrat assez douteuse avec Bernard Tapie). En tous cas, les combinaisons d’artistes sont hallucinantes et les prods, entierement jouées (et non samplées) apportent une ampleur incroyable au truc. Le casting est sans doute le plus hétéroclite qu’on ait pu voir jusqu’alors sur un album rap français (Rockin’Squat, Arsenik, Renaud, Tonton David, MC Jean Gab’1, Mafia Trece, Catherine Ringer…). C’est le carton de « Premiere consultation » (1er album rap à atteindre le million d’exemplaires vendus) qui a permis à Gyneco d’entrainer sa maison de disques Virgin dans cet incroyable projet. Et encore, la légende dit que de nombreux morceaux, réunissant d’autres artistes encore, seraient passés à la trappe. Si quelqu’un pouvait retrouver les bandes…
    « Pas besoin de grimper dans leur estime, moi je suis l’homme qui ne valait pas dix centimes… Y a que les morts qui ne parlent pas, un dernier skeud avant qu’on me fasse sauter le pas. »
  • Pochette La Rage de dire

    La Rage de dire

    Album de Fabe

    18 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 2000

    Fabe se bonifiait à chaque album. Son dernier est donc l’aboutissement d’une carrière exemplaire. Même si certains préfèreront « Détournement de sons », qui bénéficiait il est vrai d’une production et d’une pochette plus soignées, « La rage de dire » semble moins calibré et plus en phase avec la personnalité de Beufa. « L’emmerdeur public n°1 » est une sorte de nouvelle version de « L’impertinent » en plus efficace, et, sur des instrus composées par la creme des beatmakers francophones de l’époque (DJ Mehdi, Gang du Lyonnais, Yvan, Cutee B, 20Syl, Funky Maestro…), Fabe livre des textes sans concessions. Si peu de morceaux sortent du lot, c’est que l’ensemble y est complètement cohérent, construit, réfléchi. Les invités (uniquement des proches comme Rocé, Séar lui même, Koma, Haroun et Mokless) y sont savamment dispersés pour rendre l’ensemble encore plus agréable à écouter.
    « Y a pas d’fumée sans feu. Tu sais c’qu’on dit? Un bruit qui court, ça s’éteint pas comme un incendie. Si ça leur plait de m’appeler poète, laisse les. Quand ils sauront pourquoi j’écris, ils verront bien qu’j’suis pas Elvis Presley. »
  • Pochette 95200

    95200

    Album de Ministère AMER

    13 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1994

    L’album qui a importé l’esprit du gangsta rap en France, et de la meilleure des façons, avec style, humour, réalisme et sur des prods très lourdes. Plusieurs classiques : « Cours plus vite que les balles », « Autopsie » (avec Gyneco), « Les rates aiment les lascars » et « Un été à la cité » en font une oeuvre incontournable du rap français. Stomy et Passi ne feront plus jamais du rap aussi représentatif des cités françaises. Bizarrement, aucun des titres de cet album, pourtant violent, ne crée le scandale, contrairement à « Brigitte, femme de flic » sur leur premier opus, et « Sacrifice de poulet » sur la BO de « La haine » qui leur vaudront les attaques de plusieurs syndicats policiers.
    « 1 pour la basse, 2 pour les rates. 3 : Voila Missile My-Sto. Décontra-cté, pour te conter qu’étant enfant-fant-fant j’adorais les bandits… »
  • Pochette Entre Deux Mondes

    Entre Deux Mondes

    Album de Rocca

    15 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : avril 1997

    En 1997, Rocca de la Cliqua était l’un des rappeurs le plus en vue de France. Un flow technique jamais entendu auparavant et des textes mélangeant français, espagnol, anglais et surtout images fortes. Le premier album fut le bon. Même en groupe, il n’a jamais eu autant d’impact. Réalisant l’exploit de faire un album underground, avec des titres comme « L’Original », « Garçon », ou « Sous un grand ciel gris », tout en squattant les charts et les médias avec son tube « Les jeunes de l’univers » (merci au sample de Michel Berger) et, dans une moindre mesure « La Fama », Rocca nous offre ainsi le meilleur album de La Cliqua, avant même que la Cliqua ait sorti d’album collectif (ce qu’ils finiront par faire deux ans plus tard, sous la forme d’un album très axé égotrip, et à trois seulement, Kohndo ayant déjà quitté le navire).
    « One love, pour tous ces jeunes en bas des escaliers des cités HLM, je sème de l’espoir pour tous ceux que j’aime. »
  • Pochette Heptagone

    Heptagone

    Album de ATK

    22 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1998

    L’arrivée d’ATK a amené un vent de fraicheur dans le paysage rap français . Entre les flows cartoonesques de Freko ou Cyanure (Légadulabo), les textes touchants d’Antilopsa ou Axis (Apocalypse), l’énergie de Test & Fredy K (Maximum 2 Phases) et les scratchs de DJ Tacteel, chacun apporte sa pierre à l’édifice pour que la bombe explose sur les morceaux collectifs « Heptagone » et « Qu’est-ce que tu deviens? ». Cette équipe hétéroclite fait forte impression et, même si les ventes n’explosent pas, la plupart des amateurs de rap auront leur exemplaire en CD gravé. Aujourd’hui, on peut constater l’influence d’ATK, à travers des groupes comme 1995 qui se sont clairement beaucoup inspiré de leurs ainés parisiens. A noter que, si l’album avait été enregistré deux ou trois ans avant, le groupe se serait alors composé de 21 membres, parmi lesquels on trouvait notamment Pit Baccardi, Matt Houston, Metek & Kesdo (les refrès), Loko (futur membre l’écurie Neochrome), Boramy, ainsi que les futurs Ghetto Diplomats (également future famille Haussman).
    « Pas vingt ans mais déjà vingt printemps et l’intention encore pour le futur de m’exprimer par la voie du sillon. Pas vingt ans, pourtant conscient… »
  • Pochette Si Dieu veut

    Si Dieu veut

    Album de Fonky Family

    20 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 12 janvier 1998

    Grace à cet album, la France découvre qu’il n’y a pas que IAM dans le rap marseillais. Et la FF impose son propre style sur ce projet qui restera des années dans les lecteurs CD des amateurs. « Cherche pas à comprendre », « La furie et la foi », « Le Sum’ et surtout « Sans rémission » deviennent des hymnes pour toute une partie de la jeunesse qui se retrouve dans les textes mélancoliques de Sat, Don Choa, Le Rat Luciano et Menzo, et les instrus teintées de soul signées Pone & Djel. Découverts sur « Bad boys de Marseille » aux côtés d’Akhenaton, la FF représente à cette époque la nouvelle génération du rap. On retrouvera les 4 MC’s sur de nombreuses compilations et en featuring avec la plupart des rappeurs du moment. Pour des histoires d’argent et d’égo, ils quittent Côté Obscur (label d’AKH) après ce premier opus. Même si leur deuxième album (« Art de rue ») fera encore mieux au niveau des ventes, ils n’obtiendront jamais plus un tel succès populaire et critique, malgré une base de fans très importante et une réputation à toute épreuve.
    « Dans la vie, cherche vraiment pas à comprendre, faut que tu vois ça, que tu le vives, les jeunes vont surprendre. On a du vice à revendre et du pognon à prendre. L’état nous baise et tu le sais, on va s’défendre. »
  • Pochette Qui sème le vent récolte le tempo

    Qui sème le vent récolte le tempo

    Album de MC Solaar

    16 morceaux.

    Date de sortie : 1991

    L’oeuvre maitresse de Solaar. Le premier carton commercial du rap français est également un bijou de poésie, de name dropping et de flow. Solaar devient une star grace à « Bouge de là » (reprenant un sample de « the Message » de Cymande, déjà utilisé par Masta Ace peu de temps auparavant). Les tubes s’accumulent (« Caroline », « Victime de la mode ») tandis que les amateurs de rap pur et dur y retiendront surtout « Quartier nord » ou « La Devise ». L’album révèle également le talent de Jimmy Jay et de Pigalle Boom Bass (frère de Sinclair et futur moitié du duo Cassius) à la production et on y découvre Raggasonic ainsi que le tout jeune Kery sur le freestyle « Ragga Jam ».
    « Un break de batterie coule sur la FM. Il se mèle à mon sang et fait de moi un phénomène étrange. La cadence à fleur de peau. 5, 4, 3, 2, 1 : tempo. »
  • Pochette Qu'est ce qui fait marcher les sages

    Qu’est ce qui fait marcher les sages

    Album de Les Sages Poètes de la Rue

    17 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1995

    Bien que résidents boulonnais, les sages Po possédaient un groove qu’on ne retrouvait alors qu’à New York. Les flows de Zoxea et Dany Dan avaient déjà atteint toute leur personnalité (et Melopheelo ne déméritait pas). Révélés pas Solaar et Jimmy Jay (à travers les « Cool Sessions »), le groupe réussit son premier album et offre des morceaux cultes comme « Qu’est-ce qui fait marcher les sages? », « Amoureux d’une énigme » ou « Tu finiras au fond de ma rue » dont les instrus allient samples jazzy et beats rentre-dedans élaborés en collaboration avec Logilo’. Si les textes, souvent légers, n’ont pas toujours bien vieilli, la fraicheur de l’ensemble rend l’album tellement efficace que les Sages Po remportent encore un grand succès sur scène lorsqu’ils en interprètent les titres les plus connus.
    « Pas besoin d’apparaitre dur sur le fonk, pas besoin d’apparaitre hardcore. »
  • Pochette Conçu pour durer

    Conçu pour durer

    Album (EP) de La Cliqua

    7 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1995

    Bien que très court, ce EP marque le début de ce qu’on a appelé la nouvelle école du rap français. Rocca y fait son apparition « comme une sarbacane », Daddy Lord C y pousse son style « Toujours plus haut » (après le maxi « Freaky Flow ») tandis que le Coup d’état Phonique (Kohndo et Egosyst) y forgent leur 7ème sens sur le titre « Dans ma tête ». Les instrus de Chimiste et Lumumba y sont minimalistes mais brillantes. Si le grand public est quelque peu dérouté, ce EP influencera énormément les rappeurs français dans les mois, voire les années, qui suivront.
    « Le respect commence par celui de soi-même. On apprend vite dans la rue à protéger ceux que l’on aime. »
  • Pochette Temps mort

    Temps mort

    Album de Booba

    19 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : janvier 2002

    Le premier album solo de Booba marque une rupture avec tout ce qui se faisait avant (et avec Lunatic). Produit par 45 Scientific et entouré de beatmakers innovants (Animalsons, Fred Dudouet, Geraldo, Full Moon), il y pousse l’art de l’égotrip et de la métaphore à un niveau jamais atteint auparavant, notamment avec le spectaculaire « Bitume avec une plume ». Tout ce qu’il y a à retenir de la moitié de Lunatic est déjà présent dan « Temps mort ». Qu’on aime ou pas le style exagéré de Booba, force est de reconnaitre que son premier solo apportait quelque chose. Ce ne sera pas vraiment le cas de ses albums suivants.
    « J’dors sur la fiole, démarre sans fuel. Quand j’vois la France les jambes écartés, j’l’encule sans huile. »
  • Pochette L'amour Est Mort

    L’amour Est Mort

    Album de Oxmo Puccino

    27 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 7 mai 2001

    Après un premier album excellent mais très classique, Oxmo revient avec ce projet plus éclectique, voire expérimental par moment. Incompris à sa sortie, « L’amour est mort » est pourtant un chef d’oeuvre à tout point de vue. On y retrouve quelques invités (KDD, Intouchable, Dany Dan ou encore le célèbre Bauza, l’acolyte d’Oxmo à l’époque). « Mines de cristal », « Le lait », « J’ai mal au mic », « Demain peut-être », « Souvenirs », « Premier suicide »… Tous ces titres restent en mémoire et n’ont pas pris une ride, même plus de dix ans après. Les albums suivants seront bons aussi. Mais pas forcément aussi lyricalement riches que celui-ci.
    « J’ai mal au mic. C’est la seule tristesse que je ressens. Tu m’as planté dans le dos, y avait pas de sang. Car c’est du son qui coule dans mes veines en BPM. Musique, t’es ma Milady, sans belle mélodie mec. »
  • Pochette Opéra Puccino

    Opéra Puccino

    Album de Oxmo Puccino

    22 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1998

    Premier album d’Oxmo, tout est déjà là : la plume, le flow marmonné et l’art de raconter des histoires, de se mettre en scène. Avec la collaboration de la crème du rap de l’époque, il s’agit d’un excellent premier album. Un peu trop classique peut être. Mixé par l’américain Prince Charles Alexander (déjà à l’oeuvre sur « l’école du micro d’argent »), « Opera Puccino » contient de nombreuses perles, que ce soit « L’enfant seul », « Peu noire », « Amour et jalousie », « La loi du point final » avec Lino, le romantique « Le jour où tu partiras » avec K.Reen ou encore la cultissime interlude « Peu de gens le savent ».
    « Etrange comme les potes changent quand tu goutes du flouze, bandent sur ta fouf tout en demandant comment tu vas. »
  • Pochette Hostile

    Hostile

    Compilation de Various Artists

    12 morceaux.

    Date de sortie : 1996

    La compil de référence du rap français. Elle révèle des artistes majeurs comme Lunatic, X Men, Arsenik, La Clinique, Sté Strausz, et d’autres (dont on entendra quasiment plus parler après) y accèdent à leur moment de gloire, comme Polo (dont le titre « Panne sèche » (clic clic je n’ai plus de balles) sera le premier extrait mis en avant, ainsi que Teemour qui, avec « Pas mieux demain » offrait un état des lieux réaliste et pessimiste de la situation sociale française.
    « paris s’éveille et les esprits meurent un peu plus. nos vies ressemblent de plus en plus à la roulette russe. »
  • Pochette Prose Combat

    Prose Combat

    Album de MC Solaar

    18 morceaux.

    Date de sortie : mars 1994

    La consécration pour Claude MC. Le rap français obtient ses premieres victoires de la musique. Solaar devient le Gainsbourg de la banlieue, multiplie les tubes (« Obsolete », « La concubine de l’hémoglobine »…), perfectionne son style à coups d’allitérations et de références cinématographiques, et réussit brillamment le difficile cap du 2eme album. Même si parfois l’amour de la rime prend le pas sur le fond, il ne cède pas à la facilité et se révèle un digne héritier de Boby Lapointe ou de Serge Gainsbourg (qu’il sample sur « Nouveau western » et dont il invite la fille Charlotte dans le clip « Séquelles »). Il se perdra ensuite dans une sorte de variet’ urbaine et psychédélique, loin des rues de Villeneuve St Georges où il a débuté.
    « Le passé nous revient comme un bilboquet. La présence d’un passé omniprésent n’est pas passée. Les Halles supplantées par le Costes. L’allégorie des madeleines file à la vitesse de Prost. »
  • Pochette L'Homicide volontaire

    L’Homicide volontaire

    Album de Assassin

    20 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1995

    Le chef d’oeuvre d’Assassin. Même si Solo manque, Rockin’Squat parvient à pousser son style à son sommet grace à des productions très originales de Doctor L. Les textes sont tous engagés, mais pas encore répétitifs comme ce sera le cas de Squat en solo, bien plus tard. Et on y découvre un petit nouveau : Ekoué, pas encore dans la Rumeur. « L’odyssée suit son cours », « Shoota Babylone », « L’état assassine » ou « Ecrire contre l’oubli » restent dans les mémoires comme autant de brulots réussis contre le prêt-à-penser médiatique. Sorti en 2000, « Touche d’espoir », bien que très soigné en termes de production, n’apportera rien de plus au discours d’Assassin qui perdra un peu de son identité en faisant appel à des beatmakers rap plus classiques, ce qui les éloignera un peu de leur public rock-reggae.
    « On ne fait pas de copinage avec le gratin musical. Préférant de loin vendre moins, mais garder l’impact d’une balle. Cette vision est radicale mais réfléchie, car la musique se propage aussi de façon illicite. Les cassettes circulent et la masse s’agite.
    La masse cogite… »
  • Pochette Si c'était à refaire...

    Si c’était à refaire…

    Album de Kery James

    17 morceaux.

    Date de sortie : octobre 2001

    Beaucoup ont reproché à cet album son côté moralisateur, son style si différent d’Ideal J. C’est avant tout un album très réfléchi, très travaillé et très réussi. S’imposant des contraintes musicales et linguistiques (pas d’instruments à vents ou à cordes, pas de gros mots), Kery y développe son message de paix, de respect des anciens et fait preuve d’une ouverture musicale en invitant des artistes comme Salif Keita, les Nubians ou Zap Mama.
    « J’garde les traces de mon passé, ces choses qu’on ne pourra plus jamais effacer. »
  • Pochette Les Princes de la ville

    Les Princes de la ville

    Album de 113

    16 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1999

    Rim-K, AP et Mokobé ne sont certainement pas les meilleurs auteurs de France mais, mis en son par DJ Mehdi, leur premier album s’écoule du début à la fin sans baisse de régime. Le style très « rue » des rappeurs se mélange parfaitement aux expérimentations electro-funk du chef d’orchestre. La magie opère et, pour une fois, public et critique seront à peu près d’accord. Skyrock matraquera les tubes « Hold up », « Jackpotes 2000 » et « Les princes de la ville » et le disque, succès surprise, terminera sa carrière avec des victoires de la musique dont Michel Drucker se souvient encore.
    « On a la rage. Mais comment rester sages? On vit en marge. En gros, on est tous barges. »
  • Pochette O'riginal MC's sur une mission

    O’riginal MC’s sur une mission

    Album de Ideal J

    11 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1996

    Méconnu, car sorti en indé avant l’explosion du rap sur skyrock, ce mini album possède déjà toutes les qualités du « combat continue », en plus brut, plus spontané. DJ Mehdi et Kery y dévoilent tout leur talent et la Mafia K’1Fry est née. « J’dois faire du cash », « Show Bizness » et surtout « Le Ghetto français » font de ce premier opus un incontestable classique.
    « Les halls sont toujours remplis de dealers de teushi, les rues de scooters volés et de mauvais esprit la nuit. Si la plupart des jeunes tournent mal, c’est qu’ils ne savent plus la différence entre le bien et le mal. »
  • Pochette Le combat continue

    Le combat continue

    Album de Ideal J

    15 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : octobre 1998

    Le classique d’Ideal J, porté par le tube « Hardcore » produit par Delta. L’apothéose d’un groupe qui a commencé très jeune (sous le nom d’Ideal Junior). Kery James y acquiert son statut de haut parleur de la banlieue, à la fois conscient et énervé, grace à des titres comme « Un nuage de fumée », « Pour une poignée de dollars » ou encore « Sur violents breakbeats » et DJ Mehdi devient le beatmaker le plus plebiscité de France. Malheureusement, malgré un succès d’estime considérable, les ventes ne permettront pas de maintenir à flot Arsenal records (label de La Cliqua) qui mettra rapidement la clé sous la porte.
    « Dès que je fais ce morceau, ça part en couille. J’entends une réaction de mauvais garçons dans la foule. Fous la merde et s’il le faut, fous ta cagoule. Qu’ils essaient pas d’nous faire croire qu’aujourd’hui le monde est cool… »
  • Pochette Mauvais œil

    Mauvais œil

    Album de Lunatic

    16 morceaux.

    Date de sortie : 2000

    Très attendu à sa sortie, l’unique album de Lunatic n’aura pas forcément comblé toutes les attentes mais aura nettement moins déçu que celui de leurs collegues du label Time Bomb, les X Men. Musicalement assez minimaliste, c’est par la force d’évocation des textes d’Ali et surtout de Booba que l’album devient rapidement un classique. Des morceaux comme « Le son qui met la pression », « la lettre » ou « Pas le temps pour les regrets » imposent le groupe une fois pour toutes après leur coup d’essai/coup de maitre qu’était « Le crime paie » sorti 3 ans plus tôt.
    « Pas l’temps pour les regrets. Les erreurs n’appartiennent qu’à nous même, né pour amener ma part de progrès »
  • Pochette Premier volet : Le Poison d'avril

    Premier volet : Le Poison d’avril

    Album (EP) de La Rumeur

    5 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 14 avril 1997

    Des textes à messages, une plume originale et percutante sur des instrus aux influences jazzy ou afro. La Rumeur vient de naitre. L’information peut circuler.
    « S’emparer du milieu avec du hardcore plus vicieux. Apparaitre le moins possible pour moins paraitre pour un con. Les autres le feront à ma place, se chargeront de ma promotion. »
  • Pochette La Cerise sur le ghetto

    La Cerise sur le ghetto

    Album de Mafia K’1 Fry

    16 morceaux.

    Date de sortie : 2003

    On ne s’y attendait pas du tout, mais même sans DJ Mehdi, la Mafia K’1Fry réussit son pari et réinvente le rap de cité, 10 ans après Ministere AMER. « Pour ceux », clippé par Kourtrajmé sera le choc de l’année. On retiendra aussi « Rabzouz » ou « Balances »
    Le documentaire « Si tu roules avec la Mafia K’1Fry » sorti en DVD quelques mois plus tard, raconte l’histoire du collectif de manière admirable, avec de nombreux documents d’époque et une sincérité rare dans ce genre de produit promotionnel.
    « Deux enveloppes dans l’urne, dans l’une un big up au bled, dans l’autre un big up aux jeunes des cités HLM »
  • Pochette Jusqu'à la mort

    Jusqu’à la mort

    Album de Mafia K’1 Fry

    17 morceaux.

    Date de sortie : 2007

    Le premier opus de la Mafia était porté par un Rohff surmotivé. Cette fois, c’est Kery James qui prend le relais. Quasiment absent du précédent, il marque ce nouvel album collectif de sa présence charismatique et, après des albums solo légèrement aseptisés, démontre que le rap hardcore est bien inscrit dans ses gènes et que, quand il s’agit de kicker salement en équipe, il est toujours là, toujours ghetto. Au risque d’éclipser un peu les autres.
    « Cette histoire, c’est la notre. Si elle ressemble à la votre, c’est que vous êtes K’1Fry. Vous êtes donc des notres. »
  • Pochette 1993... J'appuie sur la gachette

    1993… J’appuie sur la gachette

    Album de Suprême NTM

    18 morceaux. Rap/hip hop/R&B.

    Date de sortie : 1993

    Après un premier album un peu léger musicalement et foutraque au niveau du discours, NTM passait pro avec ce deuxième album, soigné et provocateur, dont les titres phares « Police » et « J’appuie sur la gachette » ont choqué la France de l’époque.
    « Police, vos papiers, controle d’identité. Formule devenue classique à laquelle tu dois t’habituer. Seulement, dans les quartiers, les condés, de l’abus d’pouvoir ont trop abusé. Aussi sachez que l’air est chargé d’électricité. »
  • bing_bang_volume1front

    Bing Bang, Volume 1

    Album de X-Men & Ghetto Diplomats

    13 morceaux.

    Date de sortie : 31 décembre 1999

    Leur album « Jeunes, coupables et libres » avait déçu les attentes des fans de l’écurie Time Bomb, les X Men reviennent en équipe pour ce EP légèrement bordélique, censé annoncé une série de projets. Faute de succès commercial, il n’y aura pas de volume 2. Cependant, ce mini album restera culte pour certains (dont moi) qui y voient le renouveau d’un rap français qui commençait à tourner en rond avec ses violons et ses ambiances sombres.
    « Nous le peuple on pleure, essuyons nos larmes. Devant l’adversité chacun se bat avec ses armes. Dieu nous juge et le destin nous condamne. Donc gardons la foi pour le repos de nos âmes. Alors poing levé, tête baissée. On ne le dira jamais assez : L’histoire se répète si on oublie le passé. » 

    Quelques_gouttes_suffisent

    Quelques gouttes suffisent

    Album de Arsenik

    19 morceaux.

    Date de sortie : novembre 1998

    Découverts sur les compiles cultes « L’art d’utiliser son savoir », « Hostile » et « L432 », Lino et Calbo sortaient là leur premier album, une superproduction estampillée Secteur Ä (à la grande époque du collectif) avec des morceaux et des invités variés. Si l’ensemble peut paraitre un peu trop formaté (Skyrock étant à l’époque « la radio du Secteur Ä, il semble évident que cela a eu une influence), force est de constater que les rimes de Lino dévastent tout sur leur passage. Les productions de Djimi Finger sont ultra-propres et la légèreté de titres comme « Affaires de famille » est compensée par l’efficacité hardcore de « Boxe avec les mots ». Malgré la polémique lancée par Tony Truant (alias TNT, le 3ème membre, écarté du groupe avant le succès), cet album mérite amplement le terme de classique.
    « Qu’est ce que j’pourrais t’dire, qu’a pas encore été dit. Rien d’inédit, à part qu’j’ai toujours une lame dans mon teddy. »
    KLR

    KLR

    Album de Saïan Supa Crew

    20 morceaux.

    Date de sortie : 1999

    Réunissant trois groupes (OFX, Explicit Samouraï et Simple Spirit), le Saïan a su, avec ce premier album, conquérir un large public. La variété des flows et l’énergie qui les caractérisaient sur scène sont bien canalisées (formatées?). Même si on peut regretter un côté un peu « fourre-tout » ou « gentillet » de l’ensemble, l’album comporte assez d’idées et de morceaux efficaces pour être qualifié de classique. Il a aussi influencé de nombreux MC’s par la suite. L’album, dont le titre est un hommage au membre disparu du collectif, explosera les ventes grace au tube « Angela », et permettra à chacun des MC’s du groupe (Leeroy, Specta, Sly the Mic Buddah, Féfé, Sir Samuel & Vicelow) de se faire un nom avant d’entamer, quelques années plus tard, des carrières solo tout aussi intéressantes.
    « Il y a de quoi se faire du souci quant au devenir de l’homme sur la planète à commencer par ce pays dans lequel je vis, où on cultive la différence, laissant l’unité dans l’oubli. »

    223392797_smallGuet-apens

    Album de Expression Direkt

    11 morceaux.

    Date de sortie : 1996

    Pas vraiment un album d’Expression Direkt, mais plutôt de deux de ses membres, Weedy et le T.I.N., associés à Mysta D, beatmaker du groupe D. Abuz System sous la bannière Eskwad Production, « Guet-apens » arriva dans les bacs par surprise. Après les petites tueries qu’étaient « Mon esprit part en couille » et « Dealer pour survivre » (sur la BO de « La Haine »), on attendait plutôt un album du groupe. Pas cet OVNI, à la pochette outrageusement kitsch, et ne comportant que 11 titres. C’est pourtant avec des titres comme « Arrete ou ma mère va tirer » (également appelé « Y a pas moyen ») ou « Il boit, il fume pas mais il cause » (également appelé « Arrete de parler dans ma tête ») que le trio parvient à convaincre le public. Bénéficiant d’une street-credibility à toute épreuve et d’un sens du groove efficace, c’est grace à leur humour qu’ils parviennent à transformer ces histoires de lascars en petits bijoux. Entouré d’un casting de pointures (Kery James, Joey Starr, Abuz, Papi Fredo, ainsi que leurs acolytes d’Express D Kertra et Delta), le trio acumule les morceaux de bravoure avant un freestyle final époustouflant (« Apocalypse now »). Ce disque, aujourd’hui quasiment introuvable, marque également les débuts très prometteurs de Rohff, présent sur deux titres, et déjà très à son aise dans le style hardcore et dans l’exercice du clash. « Guet apens » aura droit à une suite, un peu tardive, toujours avec la même équipe derrière les manettes.
    « J’ai beau être un lascar, trainer dans le tier-quar, faire mon gent-ar, errer dans les rues tard le soir, mais tu n’sais pas, quand je rentre chez moi, ce que ma mère me fait voir. Elle me rappelle à l’ordre, crie sur moi parce que ma chambre est en désordre. »

    tout-simplement-noir-dans-paris-nocturne-104823190Dans Paris nocturne

    Album de Tout Simplement Noir

    18 morceaux.

    Date de sortie : 1995

    Se démarquant par un style personnel très « négro parigo », des instrus piochant autant dans la funk que dans l’accordéon et la variété française, et des textes portés sur le cul et la grossièreté outrancière, Jee l’tismé, MC Bees et Parano Refrè, alias TSN, ont apporté leur pierre à l’édifice du rap hexagonal avec cet album autoproduit (sous le nom de Panam productions) dans lequel la gent féminine en prend autant pour son grade que les institutions judiciaires. Mais c’est fait avec verve et humour, ce qui fera que même les filles adhéreront à leur concept. Ponctué d’extraits de chansons de Claude François (comme sur « A propos de Tasses ») ou d’interludes plus ou moins pornographiques, les 3 compères offrent une description à la fois réaliste et drôle des nuits parisiennes, que ce soit par la description d’une cuite sur « J’suis F » ou par des titres énervés comme « O.P.I.2.Flics » et « Justice ». Heureusement, tout se termine bien avec le funky « C la tuff ». Le groupe donnera une suite, légèrement moins réussie, à cet album avec « Le Mal de la nuit » avant de se séparer. Parano Refrè, après avoir animé l’émission Blah Blah rap sur MCM, sortira un album solo en 2000, tandis que Jee l’tismé nous gratifiera de nombreuses sorties dans un style G.Funk toujours plus prononcé.
    « Un jour en colonie, la si la sol, j’ai baisé la monitrice qui dans sa tente criait comme une folle. Cette chienne m’a fait faire les meilleures activités, crois moi qu’en moins d’un mois, j’étais calé sur le sujet. »
    —————————————————————————————————–
    En vrac, d’autres albums considérés comme des classiques :
    « Rapattitude 1 & 2 » (1990-1992) Produites par Benny Malapa sur Labelle Noire, ces premières compilations rap français ont permis à NTM, Assassin, EJM, Tonton David, IAM, Saï Saï, Nuttea ou Daddy Yod d’enregistrer leurs premiers titres.
    Musiques inspirées du film « La Haine » (1995) Si le film a été un évenement cinématographique et social, l’album-compilation qui l’accompagnait a également marqué les amateurs de rap. On y retrouvait les grands noms de l’époque : IAM, Ministere A.M.E.R, Assassin, MC Solaar, La Cliqua, Sages Poetes de la rue, Sens Unik, Sté Strausz ou encore Expression Direkt, mais également Raggasonic et FFF.
    Démocrates D « La Voie du peuple » (1995) Précurseurs du rap hardcore, ce groupe du quartier des Bosquets à Montfermeil a connu un petit succès avec cet album réussi, produit par Jimmy Jay. Formé autour de la personnalité de Black Jack, Démocrates D se démarquait des autres rappeurs par des voix graves et des textes à la fois crus et poétiques comme « Le crime ».
    Rocé « Top Départ » (2002)  Après des maxis percutants, le premier album de Rocé était très attendu. Résolument hip hop et porté par son flow si particulier, l’album ne sera pas vraiment révolutionnaire mais a le mérite de présenter d’une belle manière un artiste à forte personnalité qui confirmera par la suite son originalité.
    Salif « Tous ensemble (chacun pour soi) » (2001) Découvert, avec son groupe Nysay, par Zoxea, qui le présente à Kool Shen, Salif explose sur cet album alcoolisé, et offre à IV My People son projet le plus intéressant.
    B.O.F. « M 6-T va crack-er » (1997) Contrairement à « La Haine », cette fois, c’est la B.O. qui marquera plus les esprits que le film lui-même. Réalisée comme un album par White & Spirit, elle réunit un casting de haute volée (d’Assassin à IAM en passant par 2 Bal, 2 Neg’, Mystik ou encore KRS One) et permet même à Menelik et Passi d’offrir leurs meilleurs morceaux.
    Egalement à citer : La Caution « Peines de maures/Arc en ciel pour daltoniens » (2006), Soklak « 1977 » (2006), Deble Men « Tout systeme a une faille » (2001), KDD « Une couleur de plus au drapeau » (2000), Keny Arkana « Entre ciment et belle étoile » (2006), Psy 4 de la rime « Block Party » (2001), Flynt « J’éclaire ma ville » (2007), La Rumeur « L’Ombre sur la mesure » (2002), La Rumeur « Du coeur à l’outrage » (2007), Al Peco « Colonizason », Busta Flex « Busta Flex » (1998), Chiens de Paille « Mille et un fantômes » (2001), Afro Jazz  » Afro Jazz » (1997), Zoxea « A mon tour de briller » (1999), Beat 2 Boul « Dans la sono » (1997), NAP « La racaille sort un disque » (1996), Rohff « Le code de l’honneur » (1999), Mysta D « L’invincible Armada » (1998), Karlito « Contenu sous pression » (2001), Casey « Tragédie d’une trajectoire » (2007), Different Teep « La route est longue » (1998), Movez Lang « Héritiers de la rue » (1999), TTC « Ceci n’est pas un disque » (2002), La Brigade « Le Testament » (1999),  Virus « Le choix dans la date » (2011), Medine « Arabian Panther » (2008), Al « Hi-Tech et primitif » (2008), Mic Pro « Les modes passent » (2010), Hocus Pocus « Place 54 » (2007)…
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7 commentaires pour Quels sont les meilleurs albums du Rap français?

  1. jhk dit :

    jr est le plus fort

  2. jhk dit :

    gauche pied pourri depuis 2013 et il jour toujours au foot

  3. Lun dit :

    Ok sur tout : pour moi c’est le meilleur classement que j’ai trouvé.
    Par contre il manque Busta Flex et A mon tour d’briller, c’est quand même blindé de classiques comme albums, en tout cas autant que les autres (Ou alors tu mets pas Les princes de la ville!).
    Et je rajouterais un album qui sort jamais dans ce genre de classement : Gangster avec de Grands Boubous (Ghetto Fabulous Gang) : le seul album fini de GFG, la meilleure production d’Alpha 5.20, et surtout le SEUL vrai style gangsta rap de France (qu’on aime ou qu’on aime pas).
    Il me semble que ça rentre dans ce que tu mets, vu que y a aussi la Mafia K’1 Fry et 113.

    • Lun dit :

      *Et les compils Timebomb, au moins Timebomb Vol.I (avec J’attaque du mike, et Courage avec Lyon-S et l’échantillon de Diable Rouge)

    • meukmeuk dit :

      J’avoue, les busta et zoxea ont leur place aussi, meme si personnellement je trouve qu’ils n’ont pas apporté grand chose, ce sont deux tres bons albums, tres bien conçus. Concernant Alpha 5.20, j’avoue que je ne connais pas bien et que je n’ai pas ecouté cet album. J’ai beaucoup de mal avec ce genre de rap, mais je te crois sur parole.

  4. Lucc99 dit :

    Pour ce qui est de la Fonky Family, c Côté Obscur qu’il ont quittés et leur second album Art 2 Rue c vendu deux foi plus que le premier…

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